Algérie et banque des BRICS : quels changements pour l’avenir économique ?
Voici les implications de l’adhésion de l’Algérie à la banque des BRICS sur le futur de son économie.
À sa sortie de la 9ème réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de la Nouvelle banque de développement (NDB), qui s’est déroulée à Cap Town en Afrique de Sud, la présidente de la banque des BRICS a annoncé l’approbation officielle de l’adhésion de l’Algérie à cette institution financière.
Le ministère algérien des Finances a publié, le même jour, samedi 31 août 2024, un communiqué dans lequel il confirme que le pays est effectivement devenu le neuvième membre de la « New Development Bank ».
Le document rendu public par le département ministériel susmentionné parle de nouvelles perspectives qui s’ouvrent à l’Algérie en rejoignant la banque des BRICS. Voyons voir de plus près les implications concrètes de cette adhésion sur l’économie algérienne.
Fondation et objectifs de la NDB
La Nouvelle banque de développement a connu sa fondation en 2015 sur décision issue du sixième sommet des BRICS tenu au Brésil. Le siège de l’institution a été implanté à Shanghaï en Chine.
Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, c’est-à-dire le bloc des BRICS, se sont dotés de ce bras financier pour contrecarrer l’hégémonie occidentale sur la finance internationale, incarnée par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).
Les objectifs fondamentaux tracés par la banque que l’Algérie vient de rejoindre sans être membre des BRICS, tout comme le Bangladesh, les Émirats arabes unis et l’Égypte, consistent essentiellement à soutenir les économies émergentes dans leur développement en favorisant la coopération entre elles.
Mais la réalisation d’avancées en matière de développement durable des nations la composant ne représente pas le seul souci de la NDB, car la banque consacre une réserve de devises d’une valeur de 100 milliards de dollars destinés à permettre aux pays membres de surmonter toute détresse financière future.
Il s’agit en fait d’une alternative à l’endettement auprès d’institutions mondiales comme le FMI ou la Banque mondiale.
C’est l’un des bénéfices majeurs que tirerait l’Algérie de son adhésion à la NDB, à savoir la diversification de ses sources de financement extérieur. Cela contribuerait à optimiser la souveraineté du pays en répartissant les crédits éventuels.
Financement de projets
Rejoindre la banque des BRICS signifie donc pour l’Algérie l’accès aux différentes options de financement offertes par la NDB, axées sur les projets d’infrastructures et de développement durable, à condition de dépenser l’argent octroyé en toute transparence conformément aux normes et politiques de la banque.
Ainsi, l’Algérie est désormais capable d’obtenir, auprès de la Nouvelle banque de développement, des prêts à taux réduit pour réaliser des projets susceptibles de stimuler l’économie et d’améliorer la vie quotidienne de la population.
Par exemple, en 2018, l’Afrique du Sud a obtenu de la banque des BRICS un prêt de 7 milliards de rands (500 millions de dollars environ), pour améliorer son réseau routier.
En 2019, l’Inde a bénéficié d’un prêt à hauteur de 350 millions de dollars pour financer un ensemble de projets d’infrastructures urbaines.
Puis, nous avons en 2020 l’exemple du Brésil qui s’est vu octroyé un prêt de financement de projets en énergies renouvelables d’une valeur de 300 millions de dollars.
En 2020, la Chine a profité d’un prêt de 500 millions de dollars alloués au financement d’un certain nombre de projets de développement durable.
Il convient de noter que la NDB a décidé d’octroyer en 2024 des prêts à ses pays membres d’un montant total de 5 milliards de dollars.
Réseau international de contacts
Sur un autre plan, celui de la coopération, il faut savoir que la NDB offre une plateforme d’intensification des relations commerciales et d’investissement entre les pays du BRICS et les autres membres de la banque, à l’instar de l’Algérie, pour établir des partenariats économiques avantageux.
Cela permettrait alors aux intéressés de s’émanciper de l’emprise des économies traditionnelles en rendant possible la diversification des marchés.
Les opérateurs économiques algériens publics comme privés pourraient accéder à de nouvelles opportunités d’exportation et de co-investissement avec des partenaires des pays membres du BRICS, en sachant que déjà en 2023, les échanges de l’Algérie avec ces derniers représentaient 26 % de son commerce extérieur.
C’est le vaste réseau international de contacts offert par la Nouvelle banque de développement à ses membres qui rend cela possible.
De surcroît, en devenant membre de la banque des BRICS, l’Algérie serait éligible à des initiatives régionales, à l’image de la réalisation de projets de transport transfrontalier ou encore des programmes communs de développement de l’agriculture.
L’Algérie, membre décisionnaire de la banque des BRICS
Sur le registre des ressources humaines, concernant le perfectionnement des performances économiques des pays membres en améliorant les aptitudes des cadres et travailleurs en gestion de projets et en finance internationale, la banque des BRICS met à disposition de ses membres des programmes de formation dont les professionnels algériens pourraient tirer profit.
L’Algérie, en adhérant à la banque des BRICS, même sans être membre du bloc lui-même, a le droit mais aussi le devoir de participer aux réunions et discussions impliquant les pays qui composent l’institution bancaire.
La partie algérienne doit de la sorte prendre part aux différentes sessions périodiques qui se penchent sur les projets et les politiques de financement de la banque. Le pays peut alors être influent en matière de décision à ce niveau-là.
Pour rappel, l’Algérie a adhéré à la banque des BRICS en versant une contribution initiale d’un milliard et demi de dollars (1,5 milliard $). Il se peut que dans l’avenir l’Algérie, comme tous les autres membres, soit amenée à verser d’autres sommes dans le cadre d’appels de fonds pour hausser le capital, financer des projets spécifiques ou simplement répondre à des situations d’urgence.