Alerte tsunami en Méditerranée : pour en finir avec la supercherie
La Toile croule sous le poids de publications faisant état d’une alerte tsunami en Méditerranée. Voyons à quel point ces avertissements sont-ils crédibles !
Récemment, des vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux ne cessent de mettre en avant une alerte tsunami en Méditerranée. L’inquiétude des internautes est alimentée par de nombreuses spéculations que nous allons voir une par une.
Elles tournent toutes autour du tremblement de terre qui a eu lieu en Crète en Grèce le 21 juillet 2024. C’est d’ailleurs à partir de cet événement que les rumeurs sur un imminent tsunami en Méditerranée ont commencé à envahir Internet.
Cependant, les alarmistes qui partagent les vraies fausses alertes sur les réseaux sociaux omettent de préciser que pour qu’un séisme sous-marin provoque un tsunami, il faudra une magnitude qui dépasse 7 degrés sur l’échelle de Richter.
Le tremblement de terre en Grèce n’était qu’à 5,2 degrés sur l’échelle de Richter. Il n’a en outre pas entraîné, et heureusement d’ailleurs, de pertes ni sur le plan matériel ni sur celui humain.
Mais cela n’a pas empêché les colporteurs de fake news de prétendre qu’il pourrait causer un tsunami en mer méditerranéenne.
En plus d’être infondée, cette affirmation est simplement ridicule, car un fait scientifique bien établi stipule qu’un tsunami, qui émerge en conséquence d’un tremblement de terre dans une mer ou un océan, se produit immédiatement après le séisme et ne met pas des jours à le faire.
Donc en plus de sa faible puissance et l’absence de toutes vagues tsunamiques juste après son émergence, l’hypothèse du séisme de la Crète comme cause d’un tsunami méditerranéen n’est que pur fantasme.
La rumeur a toutefois la peau dure. Une publication sur la plateforme X du sismologue néerlandais Frank Hoogerbeets est venue relancer sa machine.
Frank Hoogerbeets se lave les mains
Parlant de la Crète en Grèce après le séisme de dimanche dernier, le scientifique controversé écrit que « cette région est capable de produire une forte activité sismique ».
Par la suite, il fait appel à l’Histoire en notant qu’« en l’an 365 après J.C, un séisme de magnitude 8,6 a généré un tsunami qui a affecté l’ensemble du bassin méditerranéen oriental ».
Ce message a constitué une belle aubaine pour les alarmistes qui persistent dans leur « alerte » d’un tsunami en Méditerranée, plus précisément dans les pays de l’est de la mer méditerranéenne, à savoir l’Égypte, le Liban, la Palestine et même la Tunisie.
Les rumeurs sont même allées jusqu’à prétendre que les pouvoirs publics procèdent à la fermeture des plages dans ces pays pour cause de risque de tsunami. Là encore, c’est très simple : ces informations sont dénuées de tout fondement.
Les autorités de ces nations méditerranéennes n’ont fermé aucune plage pour une quelconque raison, tsunami ou pas tsunami. En fait, aucune partie étatique n’a donné de crédit à ces mises en garde et nulle déclaration officielle à ce sujet n’est sortie.
D’ailleurs, même le sismologue néerlandais a donné suite à un journal égyptien qui aurait déformé ses propos pour servir une certaine logique alarmiste. Le scientifique autodidacte a nié avoir prédit un quelconque tsunami qui résulterait du dernier séisme survenu en Grèce.
Il a ainsi écrit le 24 juillet : « Pour être clair, je n’ai pas dit qu’un tsunami est imminent dans le bassin méditerranéen. Dans un récent post, j’ai mentionné qu’en 365 après J.C, un séisme de magnitude 8,6 près de la Crète a généré un tsunami et qu’un événement similaire pourrait se produire dans un avenir (proche) ».
Il conclut enfin sa publication en invitant les médias à être plus prudents avec les mots qu’ils emploient.
Le recul du niveau des eaux, une fausse pièce à conviction
Tous ces éléments n’ont pas dissuadé les rumeurs de continuer à circuler. Des images du recul de la mer méditerranéenne au Maroc et ailleurs sont relayées à grande échelle, en prétendant qu’il s’agit d’un signe avant-coureur confortant la diffusion d’une alerte tsunami en Méditerranée.
Mais les scientifiques sont unanimes concernant ce phénomène naturel qui se produit actuellement.
Pour eux, même une distance de recul des eaux relativement inhabituelle n’alerte en rien de l’imminence d’un tsunami en Méditerranée pour cause du tremblement de terre en Grèce.
Comme évoqué plus haut, de par sa faible magnitude, le séisme de la Crète ne peut avoir joué un rôle dans ce recul du niveau de la mer. D’autres éléments peuvent expliquer cela. Le premier sont les cyclones qui intensifient les marées basses, en provoquant des pressions atmosphériques élevées.
Le second porte quant à lui sur le changement climatique impliquant une rareté plus sévère des pluies. Avec un temps beaucoup plus sec, les eaux douces se déversant dans les océans et les mers le font en plus faible quantité, ce qui pourrait intensifier davantage le phénomène de marée basse.